high by the beach - 22.09, 22:00

+ BELLAMY

Je n'étais pas fatiguée, probablement parce que je ressentais le besoin de continuer à naviguer à travers ces murs, simplement pour me persuader que tout ceci n'était que temporaire et qu'il ne fallait pas que j'y prenne goût. Car en prison comme dehors, je n'allais plus jamais regoûter à un tel luxe. Je trouvais cela presque malsain que de narguer des personnes qui n'avaient plus rien avec un tel décor. Devant mon miroir, mes longs et fins doigts se glissaient dans ma trousse de toilette pour venir y chercher ma brosse à cheveux. Mes pieds me guidaient ensuite à travers les couloirs, ma tête se balançant de droite à gauche, au rythme d'une musique que je ne connaissais pas, qui ne m'était pas familière, mais qui était avant tout dans ma tête. Ecouter de la musique avait été une de ces petites choses dont je n'avais plus réellement l'habitude. Comme beaucoup ici, très certainement. Descendant les marches du sous-sol, vêtu d'une simple nuisette recouvrant mon corps, j'arrivais un peu par hasard sur ce qui me semblait être la piscine. D'ailleurs, en m'approchant d'un peu plus près, je n'eu aucun mal à reconnaitre le blondinet du dernier prime, se tenant au bord de celle ci, prêt à sauter. « C'est finalement toi qui a perdu tes vêtements. » lui signifiais-je alors que mes prunelles longeaient sa carrure tout en contournant le bassin pour m'asseoir à l'opposée de là où se tenait le détendu. Mes pieds venaient tremper dans l'eau alors que je rabattais mes cheveux sur une épaule, commençant lentement à les brosser. Le blond me paraissait jeune, peut-être quelques années de plus que moi. « Tu ne dois pas avoir beaucoup la côte, derrière les barreaux. » Car il avait le profil d'un ange, alors forcément, les autres détenus ne devaient pas franchement apprécier d'être face à ce qu'ils ne pourraient jamais être et ce jour après jour.

Déjà trois nuits que tu bénéficies de tout le confort et le luxe que t'offre l'étourdissante demeure Dawkins, mais il t'aura à peine suffit d'une nuit pour t'approprier chaque recoin de ce manoir qui semble véritablement reprendre vie au fur et à mesure que les résidents s'y aventurent. Ce soir non plus tu ne trouveras pas le sommeil aisément, la douceur de tes draps et le confort de ton oreiller n'y pourront rien, la prison t'aura habitué à repousser les limites de ta fatigue. Tu décides donc de profiter du calme apparent pour faire de la piscine intérieure ton temple de solitude. Tu délaisses tes vêtements, tombant les uns après les autres contre le sol de marbre blanc et noir avant d'enfiler le maillot de bain soigneusement emporté, offrant ainsi un spectacle des plus plaisants aux téléspectateurs. Spectacle qui se serait avéré bien plus plaisant encore dans d'autres circonstances, toi qui avais pour habitude d'évoluer jour comme nuit sans le moindre vêtement sur le dos, dans le confort de ton appartement, la prison t'auras cette fois-ci appris à te passer de cette plaisante habitude. Tu prends soin de t'asseoir avec précaution sur le rebord glissant de la piscine afin de laisser à tes jambes tout le loisir d'apprécier la chaleur de l'eau, tu te laisses aller à quelques pensées sereines avant qu'une voix familière ne vienne troubler le moment de grâce. « C'est finalement toi qui a perdu tes vêtements. » Tu lui accordes un sourire presque imperceptible dès lors qu'elle entre dans ton champ de vision avant de lui répondre, plongeant lentement dans l'étendue d'eau. « Dit-elle, moins vêtue encore que lors de notre rencontre première. » Tu nages l'espace de quelques longueurs avant de laisser partie supérieure de ta tête émerger de l'eau, tel le prédateur guettant la proie potentielle. « Tu ne dois pas avoir beaucoup la côte, derrière les barreaux. » Tu rirais bien de sa naïveté, mais cette fois-ci tu te contenteras d'une parabole, équivoque. « Tu ignores sans doute que Lucifer était le plus beau des anges. » La demoiselle ne pourrait faire plus grande erreur que de se fier à ton joli minois, hum, à moins peut-être de se fier à n'importe laquelle de tes paroles. Tu reprends ta nage, augmentant cette distance qui vous sépare, le prédateur n'est pas un charognard.

Les sous-sols était un drôle d'endroit, me rappelant parfois l'enfermement que l'on vivait tous au quotidien. Et alors que cela aurait très certainement créé des crises de paniques chez certaines personnes, je trouvais cette ambiance plutôt réconfortante, comme si cette transition n'était pas aussi brutale, comme si nous avions le temps de nous adapter, là dessous. Dans tous les trous à rats du monde, il était forcément plus agréable de se tenir ici, qu'on se le dise, mais j'étais tout de même curieuse de savoir quels autres mystères ce manoir pouvait bien nous cacher. Là, tout de suite, j'avais choisi, ou du moins, mes pieds avaient choisi de m'emmener jusqu'à la piscine, où le blond du prime dernier était venu se baigner. La vue n'était pas déplaisante, je pouvais bien le lui accorder, et n'aurais même eu aucun mal à le lui avouer si il me l'avait demandé. Pour autant, je préférais lui faire une remarque sur le fait que pour une fois, de nous deux, c'était lui qui était le moins vêtu, ce sur quoi il rebondit en rétorquant que j'étais encore moins habillée que la fois d'avant. « Tout est une question de point de vue. » repris-je amusé, laissant ma brosse longer mes longs cheveux blonds alors que je l'observais s'avancer et se reculer à travers la surface de l'eau. « Mais ça n'est pas pour te déplaire. » Non, sinon il ne m'aurait pas regardé de la manière dont il venait de le faire, j'en étais certaine. Et puis, je lui faisais remarquer qu'il ne devait certainement pas être le plus populaire en prison, car les jolis minois étaient bien souvent les premiers à souffrir. Pour autant, la répartie du blond suffit à me convaincre qu'il n'était pas forcément aussi faible d'esprit que j'aurais pu l'imaginer. « C'est assez prétentieux de ta part. » lui fis-je remarquer, se comparer à Lucifer, tout de même, il fallait le vouloir. « Et je n'ai de toute façon aucune preuve de ce que tu avances. » Parce que pour être de la sorte, il ne fallait pas se contenter de nager en long et en large, ou de lancer quelques remarques à droite et à gauche, non. Être Lucifer, c'était tout de même plus de boulot que ça.