street lovers ~ legrand

J'ai l’impression qu'il va me falloir au moins trois semaines pour me faire à l'idée que j'ai le droit de sortir dehors comme je veux. J'ai toujours ce petit pincement au cœur quand je passe la porte. Toujours le regard qui capte tout ce qui bouge prête à me mettre à plat ventre au moindre souhait d'un gardien qui sortirait de nulle part. Mais non, rie ne se passe. Je pense qu'au bout d'un moment j'aurais plus cette sensation d'être une étrangère chez un étranger. D'être la petite incruste qui n'a rien à faire ici. Ouais au bout d'un moment je vais bien finir par me fondre dans le décors. Et en même temps c'est pas trop ce que je veux, j'aimerais ne jamais réellement m'adapter, ce serait plus rassurant. Parce que si je commence à jouer la petite princesse qui vit dans un château, demander à manger des fraises hors saison ou porter des robes de couturier... je crois que je vais plus me supporter. Genre vraiment plus du tout me supporter. Surtout que je deviendrait aussi insipide que la moitié du casting qui s'amuse à renifler des grands crus, comme s'ils y connaissait quelque chose. Alors qu'il y a pas à dire, ils sont bien plus expert en reniflage de cul qu'en grand crus. Cette pensée me fait ricaner, j'ai piqué quelques feuilles pour dessiner et un grand livre assez solide pour maintenir la feuille. J'ai piqué quelques crayons, parce que bon je possède pas grand chose. Même pas de quoi dessiner, je fais de mon mieux pourtant. Je pourrais demander, mais bon je pense pas qu'on va me foutre au trou ici. Enfin... en même temps y a bien des cachots, ça se trouve que ça sert à ça. Je joue avec le piercing qui orne mon petit nez, traîne des pieds, secoue la tête à droite et à gauche. J'arrive pas à me concentrer, parce qu'ils peuvent surgir de n'importe où les problèmes. C'est un peu chiant en faite qu'il y ait pas de maton, parce que si l'un d'entre eux part dans un délire de sociopathe je vais avoir du mal à m'en sortir comme il faut. Arrivé près de l'étang, je m'installe. Je mordille mon crayon, je sais pas trop quoi dessiné. En réalité c'est un eu en prison que j'ai commencé à m'y mettre sérieusement, avant c'était juste pour tuer le temps. Et puis bon je sais pas, peut être que je me la pète maintenant... peut être que je veux pas dessiner de la merde alors je me la joue impressionniste à dessiner dans la nature. J'aligne les différent crayon par terre sur l'herbe, le feutre, le crayon gris, le stylo. Je sais pas trop ce que je vais en faire, mais c'est toujours utile. Je commence à dessiner ce que j'ai sous les yeux, tout en fredonnant une vieille musique anglaise. Je saurais même pas donner le nom du chanteur, mais j'aime bien. Je me lasse plus vite que je ne l'imaginais, cale une grosse pierre sur mes quelques dessins pour pas que le petit vent les vole. Me hissant sur mes deux guibolles toutes bleuit, je commence à faire des ricochets sur la surface de l'étang. Je sursaute quand je vois une nana se pointé à coté de moi. Le genre vamp des années quatre vingt. Elle a pas très bien vieillit, mais en même temps elle reste assez classe comme meuf, je sais pas d'où elle sort celle là mais bon. « C'est tes vrais cheveux ? » Je lui demande comme ça, je sais pas trop pourquoi. Je sais pas, je me dis que ça ferait une belle perruque.

Je sais pas trop pourquoi je lui pose cette question. Je sais pas j'ai l'impression que ses cheveux sont toujours brushé et que ça tient genre comme par magie, ce serait franchement plus compréhensible si c'était une perruque. Enfin je sais pas, c'est quand bizarre, j'ai presque envie de toucher. Sont superbes ses cheveux. Ou du moins c'est que j'insinue, mais elle a pas l'air d'avoir comprit, parce que je sens déjà qu'elle vient de m'ajouter à sa liste de personne à tuer dans la nuit. Ok. J'ai encore dis une connerie, non mais qu'elle se détende aussi la drag queen. Bon bah ouais ça lui plaît pas parce qu'elle me fait tout un speech sur ma gueule qui serait genre toute moche, tellement qu'elle se demande si je me suis pas détruit le visage histoire de fuir quelqu'un. Je lâche un soupire légèrement amusé. Et puis je tique un peu, parce qu'elle s'imagine pouvoir me faire pleurer. Ah ouais encore une qui pense que je suis toute fragile parce que j'ai un teint de porcelaine. Elle pense pouvoir m'impressionner, mais en vrai je suis plus intelligente qu'elle ne l'imagine. Et franchement elle devrait pas me sous-estimé la female. « T'excite pas, c'était un compliment. » Enfin façon de parler. Je jette un cailloux de plus, le dernier que j'avais dans ma petite main. Je frotte mes mains pour en retirer les petits brins de terre qui se sont installé jusque dans les lignes de ma main. « T'inquiète pas tu risques pas de me faire pleurer, j'ai un petit problème de canalisation là haut. » Je lui balance cynique, parce qu'elle s'inquiète c'est sûr. Ouais vachement. Bah sinon on va continuer à se balancer des vacheries ou pas ? Juste pour savoir, parce que là je suis plutôt dans le genre gentille et faudrait que je me mette en condition pour passer au level de vraie garce. Ah ouais non, ça je le fais en un claquement de doigt. « Sinon tant qu'on y est tu pourrais me faire la liste des choses qui sont fausses chez toi, comme ça on perdra moins de temps. » Je l'observe, détaillant sa silhouette, je m'arrête sur sa poitrine généreuse, y a pas à dire ça sent le silicone là dedans. Mais c'est joli hein, enfin ça va pas à tout le monde, disons qu'elle rentre bien dans le moule de la grande poupée barbie qui a prit quelques rides.

Le paysage était quand même magnifique. Malheureusement certaines personnes le gâchait un peu trop, comme cette fille là, me regardant avec ses grands yeux bizarre se demandant qu’est-ce que j’étais en train de lui dire. Après m’avoir demandé si mes cheveux étaient en réalité une perruque, je me suis quelque peu énervé. Faut dire que j’ai aucune réflexion à me recevoir de Madame Jmelapète. Après ma répartie vaguement chaotique, elle me dit de ne pas m’exciter, que c’était seulement un compliment. Si c’était le cas alors cette fille a beaucoup de mal pour s’exprimer. Je lance un regard totalement inintéressé et je la vois relancer un caillou, sérieux je jouais à ça quand j’avais six ans et demi peut-être, après tout chacun son truc hein… « T'inquiète pas tu risques pas de me faire pleurer, j'ai un petit problème de canalisation là haut. » Si c’est un challenge je serai ravie de l’accepter. « Sinon tant qu'on y est tu pourrais me faire la liste des choses qui sont fausses chez toi, comme ça on perdra moins de temps. » Un peu trop insolente à mon goût celle-là elle va vite redescendre d’un étage. Je me rapproche d’elle et lui parle droit dans les yeux. « écoutes bien petite, si tu crois qu’un jour tu arriveras à me vexer avec tes clashs à deux balles, alors fou toi le doigt bien profond dans l’œil. Tu crois qu’une enfant comme toi peut me donner des leçons de physique, la jalousie ne te mèneras pas très loin dans la vie tu sais. » Je suis calme, bien trop calme. Habituellement je lui en aurais déjà foutu une, mais là pas une once de colère ne m’envahit.