why don't you stay with me tonight ? (kayser) 21/09 5h (am)

WHY DON'T YOU STAY WITH ME TONIGHT ?
vingt-et-un septembre, cinq heures du matin (kayser)

Il avait les deux mains sur la rambarde et le corps penché en avant. Il regardait parterre avec une fixité angoissante. Il ne regardait pas au loin, alors que l'aube était magnifique avec son rougeoiement et son bleu pastel, la lune à moitié effacée par la lumière du jour pour parfaire le tout. Il était encore tôt. Il avait ouvert les yeux, le cœur en mode accéléré alors qu'il ne se souvenait plus où il était et pourquoi. C'était passé très vite mais il n'avait pas réussi à se rendormir après ça, il s'était levé sans bruit. Assis sur son lit, il avait regardé les autres dormir, un sentiment étrange au creux du ventre face à tous ces inconnus. Le bruit de leur respiration l'avait dérangé encore plus. Il était de suite sorti, toujours en pyjama. Il ne se rendait même pas compte qu'il tremblait de froid. Le t-shirt bleu ciel qu'il portait le montrait encore plus maigre qu'il n'était et dans d'autres circonstances, il aurait eu un peu honte d'avoir l'air si diminué. Mais là, il ne pensait même pas à son physique, il pensait juste à toutes ces personnes dans la pièce à côté. Il avait perdu l'habitude de socialiser. Et c'était tellement opposé à lui, à lui avant la prison, que ça lui faisait peur.
Il entendit la porte s'ouvrir derrière lui puis se refermer. Il continua à regarder vers le sol. « Si tu n'as pas pris de pull, tu ferais mieux de le faire, au bout de cinq minutes, on gèle ici. » Ca évitait les vulgaires bonjour et les banalités dérangeantes.

L'Angleterre et sa fraicheur avait toujours tendance à me surprendre. Un pied dehors et le bout de mon nez semblait attraper froid, comme si ma carrure n'était pas assez épaisse pour supporter le moindre coup de vent. Pourtant, j'avais vu bien pire qu'un simple temps, qu'une simple fraicheur. Aussi je préférais parfois rester à l'intérieur que d'avoir à affronter l'extérieur. Il devait être cinq heures du matin lorsque je m'étais finalement réveillée, les paupières encore lourdes et mes long cheveux légèrement emmêlés. C'était étrange de se dire que nous étions dans une aventure comme celle ci, alors qu'il y avait à peine quelques heures, nous occupions le coin d'une cellule en attendant que notre heure arrive. Ici, c'était plus ou moins le même concept. Nous étions enfermés, nous étions observés, et nous attendions également notre heure. Je n'étais pas de ces ambitieux qui pensaient pouvoir arriver au bout de leur aventure, parce que je savais bien que ça n'était que partie remise, et qu'il y avait bien plus avenant que moi. Mais je m'y faisais. Cette place d'outsider me convenait, car je ne voulais pas être mise en avant d'une quelconque façon. Et puis je savais qu'ici, j'étais toujours mieux que là bas. Une silhouette se dessina dans l'ouverture de la fenêtre donnant sur le balcon, alors que je m'avançais à pas de loup jusqu'à cette voix qui me clamait d'attraper quelque chose de chaud. J'étais simplement vêtue, oui, un simple bout de tissu, et pourtant, voilà que j'arpentais le balcon sans trop réfléchir, levant finalement le bras du garçon pour passer devant lui, et laisser malgré lui son corps envelopper le mien. Mes prunelles océan cherchaient un point où ancrer mon regard. « Qu'est-ce que tu observais ? » Ses bras me réchauffent, alors que je continue de fixer droit devant moi, curieuse.

Son bras fut pris par une main légère qui l'enroula autour d'un corps encore chaud de sommeil. Il était tellement surpris qu'il se laissa faire. Il tourna légèrement la tête vers la nouvelle venue pour tomber sur une jolie blonde. Il ne retira pas son bras, appréciant la chaleur au creux de ses bras, tout contre son corps aussi peu vêtu que l'autre. Il n'avait pas encore oublié les courbes des femmes et la sensation que procurait les contacts simples et généreux. Il n'avait encore rien oublié de tout ça, et étrangement ça ne lui avait pas tant manqué. Jusqu'à maintenant. Il se rendait compte du manque à l'instant même où il retrouvait cette chose. Il continua à l'observer, oubliant soudainement toutes ses pensées sur le manque de sensation qui semblait l'accabler. Il en oublia même le sol et l'aube. C'était le premier jour et il se retrouvait déjà catapulter à mille kilomètres de lui-même. Il se demanda s'il allait survivre à cette expérience. Puis il se reprit quand il entendit sa voix. Sorti de sa surprise, il se concentra à nouveau sur le sol. Il avait la tête légèrement penchée contre l'épaule de la jeune femme. C'était simple et irréel. Il était trop tôt pour s'en inquiéter. « A vrai dire, rien. » La pauvre réponse sonnait rude à ses oreilles et il se décida à développer un peu, tout en se rapprochant sensiblement du corps contre le sien. « Je me suis perdu à regarder le sol, je sais pas trop pourquoi, c'est bête, en plus c'est l'aube, c'est plus beau. » Il haussa les épaules, comme pour la convaincre du peu d'intérêt de sa réponse. « Enfin, je pensais surtout à tous ses gens qui dorment dans la pièce d'à côté. » Ce trop plein d'honnêteté le laissa un peu surpris lui-même.