i love french wine 21/09

vingt et un septembre, dix heures quarante-six.

Il m’a fallu presque quarante minutes pour trouver cette fichue cave à vin. Ils devraient mettre des panneaux avec des flèches histoire d’indiquer un peu les pièces, faut dire que ça fait un moment que j’ai pas marché plus de trois mètres. Certes j’exagère, mais pas de beaucoup. Je me suis déjà perdue une dizaine de fois au moins. Bon, la cave à vin. Espérons qu’on puisse déguster. Ça fait maintenant six ans que j’ai pas bu une goutte d’alcool et j’ai vraiment envie de remédier à ça. Oh les enflures, presque tous les placards sont fermés à clés. Bon quelle bouteille je vais prendre ? Tiens celle-ci. Château-Margaux 2001. Il a dû couté une blinde. Oh et puis merde ils en ont déjà huit comme ça, elle ne va pas leur manqué. Merde, un tire-bouchon, bon on va aller en chercher un dans la cuisine.
Ah, la dégustation commence. J’ai oublié un verre. Comme si c’était grave, on va se la faire à l’ancienne, à la bouteille. Voilà, caler entre deux étagères, ça devrait le faire. J’espère qu’ils ont pas foutu des caméras partout quand même. Et puis merde, on est des prisonniers, on doit donner aux spectateurs ce qu’ils veulent : du danger. Merde, quelqu’un arrive. Je tourne la tête discrètement entre deux bouteilles pour voir qui c’est. Oh, la latino. Elle est canon. Si on faisait la discut, j’ai pas adressé un seul mot à qui que ce soit depuis que je suis arrivée. Certains diront la timidité, moi je dis la stratégie. Je ne suis pas là pour me faire des amis, en revanche si jamais je peux profiter de certains avantages pourquoi pas.
« Eh toi, latina, t’en veux un peu ? Je suis pas de nature partageuse mais bon, vu qu’on va vivre en communauté il faut bien faire une exception n’est-ce pas ? »

Tu déambules un peu au hasard, tu découvres, pousses les portes et suis les chemins. La cave à vin - bien que convoitée par beaucoup lors de l'annonce - tu ne l'avais pas spécialement recherchée. Non c'était par hasard que tu étais descendue là. Au final c'était peut-être même plus la décoration de ce lieu insolite qui te plaisait. Les bouteilles n'étaient que la cerise sur le gâteau. Au détour d'une allée, tu surprends une candidate en flagrant délit de craquage complet. Bouteille à la main et prête à s'en donner à coeur joie. On dirait presque un lapin pris dans les phares d'une voiture avant qu'elle ne propose de partager. Tu rigoles. C'est la française, tu la reconnais, celle qui comme toi devait (tu l'espérais) avoir un peu plus de maturité que le reste des gamins de l'aventure. Venant t'installer assise sur un baril de vin, posé là pour faire joli, tu réponds : Seulement si c'est du rouge. Tu regardes autour de toi, les nombre de bouteilles et toutes ces étiquettes. Il y en a de partout. Tu aimais bien le vin mais ne t'y connaissais pas vraiment. Pas assez pour juger correctement. Si je te demande un cours d'oenologie parce que t'es française, c'est trop cliché ou tu peux vraiment m'apprendre quelques chose ? Après tout, cela pouvait être sympa non ?

C’est vrai qu’elle est canon oui. Plus elle s’approche et plus elle dégage un truc, enfin bref, c’est pas le sujet Legrand. Je lui propose gentiment, chose que je n’aurai pas fait pour les trois quarts des autres candidats, soit immature, soit psychopathes, de partager mon vin. Et quel vin oui, honnêtement un des meilleurs que j’ai jamais gouté. Faut dire qu’à deux cents euros la bouteille elle a de quoi être bonne quand même. Elle me dit qu’elle en boira seulement si c’est du rouge. Je lui tends la bouteille pour qu’elle en ai le cœur nette toute seule, et lui propose de gouter. « Si je te demande un cours d'œnologie parce que t'es française, c'est trop cliché ou tu peux vraiment m'apprendre quelques chose ? » Sans rire, j’aurai bien aimé faire genre je suis une spécialiste, mais faut dire que je n’aurai pas été crédible une seule seconde quoi, il faut se l’avouer. « Écoutes ma belle, dans la vie, je suis garagiste, et généralement, ça ne va pas avec le salaire pour acheter des bons vins. Je pourrai te faire un cours des vins premiers prix d’Auchan si jamais tu es intéressé. » Je bois une gorgée de plus et lui en propose une nouvelle fois. « Tiens chérie, bois une gorgée à quarante euros. »

» cherry wine (Haynes), 29 septembre, 15h.