peace will never find me (swan) 24/09

vingt quatre septembre, vingt-trois heures trois.

Je ne me suis jamais autant rendu compte de comment j’aimais la solitude en fait. Il me tardais de sortir d’ici pour enfin avoir un contact avec d’autres gens mais je commence à regretter ma cellule. J’ai l’impression de la prison nous a tous changé, nous a tous mit dans l’incapacité d’éprouver de la joie, ou de nous amuser comme des gamins à nouveau. Je veux faire un truc fou. Un truc que j’ai rêvé de faire pendant ces six longues années. Oh, l’étang. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu quelque chose d’aussi joli. L’eau à l’air bonne. J’enlève ma tongue et balaye l’eau de mon gros orteil. Mon dieu que ça fait du bien. C’est une sensation que j’avais oublié depuis longtemps. Et si je me baignais. Non Legrand, ressaisis toi, il y a une piscine et un jacuzzi à deux mètres. Oh et puis merde on a qu’une vie, quitte à être ici, autant en profiter. J’enlève mon tee shirt, vérifie qu’il n’y a personne derrière, enlève mon short, prends de l’élan et saute dans l’étang en bombe. Quand je sors de l’eau, je sens mon mascara couler sur mes joue, mes boucles qui tombent, mes cheveux sur les yeux, mais peu importe, je ris, je ne peux plus m’arrêter. C’est la première fois depuis six ans que je me sens vivre, que je suis heureuse. Je me mets sur le dos, j’admire le ciel, les étoiles. J’en reviens pas moi-même de ce que je suis en train de faire. Peu importe, tant que je me sens bien. Bon stop maintenant finis la rigolade, on se remet au boulot maintenant, cette émission ne va pas se gagner toute seule. Mon sourire disparait aussitôt. Je sors de l’eau en montant sur le ponton. Mon dieu qu’il fait froid. Et merde, j’ai pas pris de serviette. Tant pis, je me sèche au tee shirt, ils font les machines gratuites il parait. Je m’avance vers mon tas de vêtement quand j’aperçois au loin une tête derrière un arbre, disparaissant au moment où je crois son regard.
« T’as besoin d’aide toi là-bas ? »

C'est sans aucun doute sa rencontre précédente qui empêche Swan de sursauter en réalisant qu'elle n'est plus seule. Ça et la stupidité flagrante de la phrase utilisée, couplée par la grammaire quelque peu approximative. Les bottes de la brune évite les branches mortes alors qu'elle fait le tour de l'arbre dans le plus grand silence. Son regard, loin d'être attiré par le corps nu qui s'étend devant elle se contente de fixer le visage de la blonde. S'appuyant contre l'arbre, Swan se délecte encore une fois de cette semi-liberté retrouvée. Le simple fait de pouvoir se gorger de nature, peu importe l'heure lui fait le plus grand bien. On ne peut pas dire qu'elle ait vu beaucoup de soleil ces dernières années. D'une impulsion de l'épaule, la brune quitte l'arbre et s'avance vers la blonde. Elle ne demande rien de plus que d'être laissée seule mais c'est visiblement plus compliqué qu'en prison d'évoluer en solitaire ici. Froissant le nez en constatant qu'elle est trempée, Swan reste à bonne distance, croise les bras sur son torse, penchant légèrement la tête pour continuer son observation. Le comportement humain l'étonne parfois, comme aujourd'hui. Ce qui peut conduire quelqu'un à se baigner nu, en pleine nuit, dans un étang inconnu entourés de potentiels psychopathes lui échappe totalement. Encore heureux.

Elle reste plantée là, à trois mètres de moi, comme si j’étais un immeuble en feu qu’elle voulait regarder mais ne souhaitait pas approché. Je lui demande en gros pourquoi elle était là à me fixer mais aucune réponse. Je la vois regarder les gouttes d’eau tomber de mon corps avec un regard de dégout, presque de peur. Je m’avance donc d’un pas vers elle, analysant sa réaction face à ça. Je suis toujours nue face à elle, les bras ballants, peu importe à vrai dire. Après six ans de prisons, la pudeur est quelque chose que tu as oublié depuis bien longtemps. Je le fixe, regardant son visage bien trop parfait. J’aimerai savoir son histoire. Elle a l’air torturé, et toujours triste. Faudrait la décoincer un peu la petite. Je lui tends la main, attendant une réponse identique. « Viens avec moi, et fais un truc dingue. Amuse-toi et profite de ta liberté. » J’attends de voir sa réaction et sa réponse, en espérant pouvoir l’aider.

» swan ✻ agenda.
» black beauty w/ swan (01/10, 22h)