the lighthouse - 30/09 - 14h25

laeddis

Et donc le délire c'est d'avoir un cinéma dans son manoir. L'italien pousse la porte, tourne sur lui-même, s'assoit sur un premier siège, pas mal. Se lève, se rassoit plus loin. Il allonge les jambes sur le dossier devant lui (chose formellement interdite dans son bout de pays). C'est qu'à l'heure de la sieste on n'est pas si mal au cinoch. Pietro hésite un instant à chercher de quoi bloquer la porte, histoire d'être définitivement tranquille. Mais pas forcément l'idée du siècle, imaginez qu'l'un des autres décide d'exploser la serrure pour forcer le passage. Le Lord serait pas franchement heureux. Le gars se redresse, passe une main sur son menton fraîchement rasé. A force de chercher de quoi se distraire on se lasse des luxes offerts par la prod. Il finit par marcher vers le bar (un bar!!!), l'entre-ouvre et en sort la bouteille de scotch. Deux doigts, trois glaçons, un peu d'eau. Il se dit qu'cette semaine il y a échappé belle. Merci aux absents. La promo de cette saison s'est d'un coup épurée. Il sifflote. Quel intérêt de se présenter à un jeu si on finit par déclarer forfait. C'est qu'la vie de taulards leur manque? Il est un peu loin de tout ça l'italien. Il commence à s'y faire, peu à peu, à cette routine qui lui squizze les neurones. Trois quatre gorgées et v'là qu'ça chauffe un peu en ce début d'après-midi. Comme disait son nonno, y'a pas d'heure pour se requinquer. Les travailleurs de la terre ça boit même au petit-déjeuner. Alors certes il n'est pas un paysan d'antan, mais son hygiène de vie quotidienne le mène à quelques écarts. Ca tapote sur l'écran pour choisir son film quand le silence est interrompu par la silhouette anglaise. "Il était une fois en Amérique, ou Vol au-dessus d'un nid de coucou?", il sourit. C'est qu'un choix comme ça ça brise une amitié. Alors vu qu'ils n'sont pas forcément amis (pour l'instant?), ça conditionne aussi l'étendue d'une relation.

Quand Louison ouvre cette porte qu'il n'a jamais ouverte, il se demande comment il a pu louper ça pendant une semaine. C'était juste sous ses pieds, et il n'a même pas eu assez de curiosité pour ouvrir toutes les portes. Pourtant, il se serait bien fait deux ou trois films la semaine dernière, ça l'aurait détendu, c'est sûr. Il regarde les sièges, l'écran, et l'Italien qui lui parle. Evidemment, avoir cette salle pour sa prune et c'est tout, c'est plutôt de l'ordre de l'impossible dans cette maison. Même si après l'écrémage, ils sont beaucoup moins, on risque de les retrouver souvent dans des pièces comme celles-ci, tous ces anciens détenus, en premier lieu, lui. Il s'avance donc et se met à côté de l'autre homme. Il fait mine de réfléchir, mais à vrai dire, il n'a pas l'ombre d'une préférence. « J'aimais bien Vol au dessus d'un nid de coucou, mais je suis pas sûr de l'apprécier à sa juste valeur, maintenant. » Il hausse les épaules avec un petit sourire aux lèvres. Il n'est pas un érudit, et encore moins un esthète, encore moins un cinéphile érudit, donc il laisse de bon coeur le choix à l'Italien. Il ne va pas faire son difficile pour une première rencontre, ce serait ruiner toute chance d'entente. Il fera son difficile plus tard, quand ils se connaîtront mieux, c'est comme ça qu'il fonctionne.

» La galerie des curiosités (Müller) 21/09-14h25