i cut your wings and i broke your knees // lun. 28.09 16h12

& lodde

Elle n'était pas plus chevaux que chats, chiens ou orang-outans, pas qu'elle pense que les animaux étaient des êtres inférieurs qui ne méritaient pas sa considération, au contraire elle leur trouvait un intérêt tout particulier, mais n'avait pas de préférence. Tous étaient différentes, uniques en leur genre, des créatures merveilleuses dans un monde pas franchement tendre avec eux. Quelque part ils avaient beaucoup de mérite d'après elle, même s'ils ne s'en rendaient peut-être même pas compte. Elle avait déjà eu l'occasion de vivre à proximité d'une écurie et donc de monter quelques uns des beaux spécimens qui s'y trouvait mais cela faisait longtemps maintenant, elle avait néanmoins gardé quelques réflexes de cette époque. Elle avait été longue à venir voir les bêtes du domaine, elle venait leur dire bonjour aujourd'hui pour la première fois depuis le début de l'émission. Quand elle était arrivée, il y avait déjà un jeune homme. Son prénom aussi bien que son nom lui échappaient. « Qu'est-ce que tu fais ? Tu as besoin d'aide ? » Ils étaient nombreux, mine de rien, un coup de main serait sans doute bien venue, à moins qu'il désire véritablement s'en charger lui-même, peut-être pour se prouver quelque chose, pour se vanter de l'avoir faite, mais ce n'était pas non plus l'activité du siècle que de s'assurer que tout le monde avait ce qu'il lui fallait dans son box, enfin si c'est ce qu'il faisait, parce qu'après tout elle n'en savait rien, il avait l'air de rien comme ça.

A force de courir dans la (petite) cour de la prison, les matons avaient surnommé Lodde 'le psychorigide'. Il ne s'en lassait pas, ses innombrables tours, ses exercices de musculation, sa motivation de fer. Pourtant on refusait de lui donner un simple ballon. Dur pour un passionné de se priver de son plus beau terrain de jeu. Le sportif était en proie aux remarques des vieux qui le croyaient shooté à on ne sait quoi. Eh petit donne-moi un peu de ta dope va. Lodde avait été souvent fouillé, contrôlé, victime d'opérations éclair dans sa cellule. Pourtant rien, rien qu'un rêve pas si loin. "Fffff" Lodde souffle fort entre chaque sprint. Il gambade dans la propriété en pensant à ce ballon qu'on lui a toujours refusé. Le voilà dans l'un des pays du football et toujours cette privation. Le dépassement de soi c’est ce qui lui permet de tenir l’adrénaline. Il en vient presque à regretter ces années d’addiction à cette foutue cocaïne. Lodde finit par marcher, le souffle court et le cœur tambourinant. Il a le visage rougi par l’effort et la satisfaction. C’est peut-être ce soleil qui transperce les nuages qui stimule son envie de découverte. L’italien franchit les portes de l’écurie, se retrouve un instant surpris par les odeurs animales. Chez lui on le mange, le cheval. Il traîne dans le coin depuis pas très longtemps quand une voix le surprend. Lodde se retourne et aperçoit Contini, une compatriote à qui il n’a jamais réellement parlé. « Non enfin je sais pas » il s’entend souffler, « Enfin, je sais pas m’en occuper quoi, j’ai jamais fait ça » continue, souriant « Tu viens souvent toi ? »