À l'ombre des barreaux (Kayser) // 23/09-13h25

Malgré toute la liberté qu'on nous accordait. Derrière ses murs, la prison n'était jamais très loin. En témoigne cette pièce où je venais par mégarde de faire irruption. Cela ressemblait trait pour trait à un ancien cachot médiéval, le genre de lieu lugubre où il valait mieux ne pas trop trainer. J'osais à peine imaginer les horreurs, plaintes et autres supplications qui c'étaient déroulées entre ces quatre murs. Rien que d'y penser, j'en avais des frissons. D'ailleurs en entendant la porte claquer derrière moi, je ne pus retenir un petit hoquet de surprise… Etais-ce le vent, étais-ce quelqu'un je ne savais pas trop. Je me retournais délicatement pour voir la porte entrebâillée et comme une silhouette qui passait à l'extérieure. Peu rassurée par cette endroit je sortais donc de la cellule lâchant assez fort une remarque pour que la jeune fille m'entende :
J'ai l'impression d'avoir quitté le château, pour un retour prématuré en prison.
J'espérais par ce biais interpeller la demoiselle et entamer un semblant de conversation. Toujours dans cette logique de s'ouvrir aux autres, de réinsertion dans un milieu social. De plus chaque candidats ici semblait réellement intéressant, leur côté sombres mystérieux suscitant ma curiosité. J'avais envie d'en savoir plus sur eux, de mettre à jour leur secrets. Seule manière pour moi de retrouver la liberté tant désirée.

Après avoir terminé de manger, je m'étais arrêtée quelques instants devant l'évier, réfléchissant à ce que j'avais pu avaler lors des derniers mois. Clairement rien d'égalable à ce que je venais de manger là, pour sûr, ça ne me manquerait pas. Et alors que mes paupières battaient deux coups, je pivotais sur moi-même afin de quitter la pièce, abandonnant mes vêtements trop courts pour un pantalon et un pull, trouvant qu'il faisait bien trop frais pour s'habiller n'importe comment, ou du moins comme je l'aimais. C'était dur de se dire que j'avais quitté un endroit où la tenue était imposée, et qu'en arrivant ici, je ne pouvais pas non plus porter ce que je souhaitais à cause du temps. L'Angleterre avait assurément tout pour me repousser. Mes pieds me guidèrent ensuite au sous-sol, où je tentais de me repérer, voyant bien vite qu'une porte était ouverte. Restant dans l'ouverture de celle ci, j'apercevais une petite brune entrain de visiter ce qui me semblait être un cachot délabré. Elle me disait avoir l'impression de retourner en cellule, et j'approuvais vaguement de la tête, pas forcément d'accord avec ses dires. Car tout de même, une prison n'était pas aussi mal entretenue. « Qu'est-ce qu'ils ont fait à tes cheveux ? » lui demandais-je finalement, intriguée. Elle avait un côté du crâne rasé, peut-être était-ce une sorte de maltraitance, je n'en savais rien. C'était étrange.

Qu'avaient-ils tous avec mon look. Depuis le début de l'aventure, j'essuyais les regards surpris, mi choqués, mi amusés de mes camarades d'aventures. Rares étaient ceux qui osaient me poser directement la question.  Cette jeune femme était même l'une des premières a aborder directement le sujet. J'aimais les personnes  avec de l'audace et un brin de curiosité. De toute manière je n'avais rien à cacher :
Oh rien du tout. Cette coupe de cheveux c'est une volonté personnelle. Une envie de changer de look, de casser mon  image de petite fille que j'ai trainé pendant des années. Au départ c'était censé être temporaire et puis c'est resté, on va dire que j'ai fini par m'y habitué.
Il est vrai qu'au départ, le changement avait été tellement radical que j'avais eu énormément de difficulté à me reconnaître dans la glace. Mais cette apparence faisait partie intégrante de ma personnalité. Je ne pouvais plus être autrement, si je changeais de look ce n'était plus moi.  Mais on était pour parler mode, lui souriant je m'approchais d'elle et lui disait :
Tu sembles bien jeune pour faire partie d'une émission comme ça. Tu as quel âge ?
Elle avait l'air d'être tout juste majeure. Je me demandais bien ce qui l'avait entrainé derrière les barreaux. Une erreur de jeunesse surement. Une connerie que j'aurais très bien put faire quelques années auparavant quand j'avais son âge. Heureusement j'avais eu des piliers familiaux solides, des gens qui m'avais évité de déraper sur de mauvais chemin, mais bon… Cela ne m'avait pas empêché de finir en prison, mais ça c'était une autre histoire et il était encore bien trop tôt pour en parler.