trente septembre à dix heure treize.
Toujours pas de changement. Enfin si on a de la lumière, ce qui est presque futile la journée, même complètement. Pas de changement sinon, toujours une étrangère en terre inconnue. Sérieusement j'ai l'impression que les murs me disent de me casser, me disent que j'ai rien à foutre ici. Certainement. Je ne crois pas être pas assez bien pour ces lieux, je le sais. Je sais très bien que je ne suis pas assez « comme ça ». Non ce n'est pas ne pas être assez bien, c'est juste ne pas rentrer dans le moule j'imagine. Quoique, après tout je suis qu'une taularde qui aspire juste à foutre un « ex » devant ce joli mot. C'est pas que je suis pas à l'aise, c'est surtout que j'ai aucune envie de me sentir à l'aise. Parce que j'ai l'impression que si je me sens trop confortable ici, je vais mal le vivre le retour à la réalité. Et puis si je commence à me rouler toute nue dans de la fourrure, c'est que ça va pas du tout. Ah non mais je veux surtout pas m'embourgeoiser moi. Alors quand je mets un pied sur la terrasse, avec mon petit café du matin, je fais au moins en sorte d'avoir l'air d'un déchet dans mon jean troué et mon tee-shirt dont la couleur n'est plus vraiment reconnaissable. J'avoue que j'ai hésité à me mettre un petit kimono en soie... LOL. Cette vue est canon et comme pour toutes les belles choses qui croisent mon chemin, je n'arrive pas à y voir que du positif. Faut toujours que je trouve le coté pile. Celui un peu plus dark. Là je me dis que ces gosses de riches ils ont bien de la chance quand même. C'est sacrément dégueulasse que d'autre ait accès à des choses dont certains n'auront jamais le bonheur de côtoyer. J'imagine que j'en fais partie maintenant de ces privilégié qui ont une terrasse avec une vue de dingue. Je suis qu'une invité moi. Rien de plus. On est tous que des petits parasites dans la vie du Lord. Et je commence à me dire que j'avais raison, on se foutre de nous ici. On va jouer avec nos petits coeurs de gens qui rêve de la rédemption. On nous prend et nous jette comme si on était que des déchets, ce qu'on est … ouais c'est ce qu'on est finalement. Ce n'est que justice j'imagine. Je grogne, n'arrive pas à profiter du petit soleil matinal qui me dore la peau moucheté de tâche de rousseur. Je fais la gueule, parce que c'est ce que je fais de mieux. Et puis au moins ça cache les autres pensées. C'est plus facile à gérer la colère, que la peur, ou la tristesse. Du moins pour moi. J'observe miss crâne rasé qui rentre ou sort plutôt. Elle a un sacré physique elle. Je sais pas pourquoi j'arrive à la trouver bonne, alors que tout le truc skinhead c'est vraiment pas pour moi. Je lui offre un regard à rayon x, celui qui je balade sur la moindre petite minette aux jolies gambettes. « Je t'imaginais pas du genre.. pyjama party. » Je commente sans la quitter des yeux, portant la tasse à mes lèvres. Café froid, beurk. Mais on gaspille pas, surtout que j'ai le flemme de bouger jusqu'à la cuisine. « Enfin... à la limite sans pyjama quoi. » Je provoque, ma passion. Ma façon de communiquer en faite, c'est aussi dramatique que ça en à l'air.