" let's start it all " feat. Kohl

Le prime est terminé, les premiers mots ont été échangés, les premières apparences ont été jugées. Il n'y avait plus qu'à s'éparpiller un peu, apprendre à se connaitre et surtout entrer dans le jeu ! Ce soir était peut-être votre unique journée de répit. Qui sait ce que demain vous réservait ? Alors t'as bien décidé d'en profiter. Dès la première occasion de sortir, tu franchis la porte vitrée te menant à l'extérieur. Sur la terrasse. T'as pas besoin d'aller bien loin. Le seul sentiment de l'air frais sur ta peau et dans tes poumons est assez pour te faire vibrer de l'intérieur. Il n'y a pas de grille en vue, ni de maton, ni de de bruit de chaines. Tu es dehors, tout simplement, comme tout le monde ... ou presque. Tu arriverais à y croire avec un peu d'imagination.

Pour parfaire ce tableau, tu te saisis de la cigarette offerte plus tôt. Tu l'allumes au feu d'une des bougies et tire sur le bâton de nicotine avec bonheur. Tu inhales et profites. Tu fermes même les yeux un instant, avant de lentement ressoufler ta fumée vers le ciel. L'image est presque digne d'un film. Tu t'en doutes. Ton mari te répétait souvent que tu avais l'air d'une actrice des années quarante lorsque tu fumais. Il trouvait ça snob. Toi tu le prenais comme un compliment.

Lorsque tu ré-ouvres les yeux, Kohl t'as rejointe. Tu sursautes d'ailleurs légèrement sous l'effet de surprise. Des semaines que j'attendais ça. Je t'aurais bien embrassée pour le coup ! Mais c'est ta main que tu lui tends alors officiellement. Au fait, moi c'est Fuertes.

Le prime touchait à sa fin, il commençait à se faire tard et la majorité des candidats s'éparpillait au quatre vent, pêle-mêle dans les couloirs du château. Personnellement, je choisissais la terrasse. J'avais envie de prendre l'air, de voir un peu ce que nous réservait l'extérieur de ce domaine qui allait nous accueillir durant toute ces semaines. L'obscurité faisait qu'il était difficile d'y voir grand-chose, mais la présence de la jeune femme à la cigarette du prime ne rendait pas cette sortie inutile. Quand celle-ci me vit, un sourire vint illuminer son visage, la remarque qui suivait me tirant un sourire :
Franchement je ne serais pas contre. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de sentir mes lèvres être effleurées par celles d'une jolie femme.
Ouvertement bisexuelle, ma dernière aventure remontait à avant mon emprisonnement et était avec un homme. On ne peut pas dire qu'entre nous cela avait été l'extase, mais ça avait au moins eu le mérite de me faire passer un peu de bon temps dans l'attente de mon procès.
Pendait que je repensais à cette période relégué au fin fond des oubliettes de ma mémoire. La jeune femme me tendait sa main et se présentait. Fuertes, un nom collant bien à ses origines portoricaines. Lui rendant la pareil, je me présentais à mon tour :
Moi c'est Köhl et pour répondre à ton interrogation de toute à l'heure je suis allemande née et ayant toujours vécu à Berlin.
Je ne comptais pas en dire plus. Du moins, pas pour l'instant. Préserver mon identité, la majeur partie de mon passé. C'était autant d'atout que je possèderai dans ma manche à l'avenir et qui me permettrait de me distinguer des autres. J'avais, plus que quiconque envie d'aller loin dans ce jeu et ferais tout mon possible pour y arriver.

" Franchement je ne serais pas contre. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de sentir mes lèvres être effleurées par celles d'une jolie femme. " Tu arques un sourcil, souriante, toujours. C'est un joli compliment. Ca à l'air sincère. Et même si ça ne l'est pas, c'est agréable à ton oreille. Tu avais toujours été considérée comme hétérosexuelle. Disons que la question ne s'était jamais vraiment posée non plus ... Mais quatre ans derrière les barreaux t'avais aidé à élargir tes horizons. Oui on dirait ça comme ça. Tu ne te posais plus vraiment la question de ce que tu étais depuis un bail car tes priorité étaient ailleurs, pour autant qu'il t'en restent. Une nouvelle bouffée s'échappent de ta bouche. Tu t'approches de la jeune femme face à toi, pose ta main libre à la naissance de sa nuque et vient simplement déposer un petit bisous sur ses lèvres. En soi, tres chaste. Rien de provocateur. Un petit merci de plus. Elle avait parler d'effleurement, tu lui avais donné.

Tu te recules alors doucement et vient te laisser reposer contre la balustrade du balcon. Ton visage arbore cette fois une mine plus intriguée avant d'énoncer : Dios Mio, quel âge as-tu encore ? Je suis certaine que je pourrais être ta mère ! lâches-tu dans un certain éclat de rire. Ca y est, tu venais surement passer de mami à cougar. J'ai tellement entendu de bien de Berlin. La ville européenne de tous les possibles dit-on ... Est-ce vrai ?

Quand ces lèvres frôlèrent les miennes dans un très chaste baisé. Je ne pus m'empêcher d'être surprise. Certes je l'avais cherché, mais je ne pensais pas pour autant qu'elle me prendrait au mot. Pour la remercier, je déposais à mon tour les miennes contre les siennes, un tout petit un peu plus appuyé simplement pour lui montrer ma reconnaissance.
Un prêté pour un rendu.
Cela suivit d'un simple clin d'œil plein de malice et de promesses d'avenir. Je ne savais pas ce qui allait se passer ici, mais si je pouvais commencer à tracer ma destinée dans cette demeure, je n'hésiterai pas le moins du monde. Mes rêves, mes projets, tout ça fut balayé par les mots qui suivirent, comme si mon âge notre différence d'âge changeait quelque chose. Au fond, moi, je n'étais qu'une enfant qui cherchait à s'amuser un peu. Rien de plus, rien de moins. Mi peinée-mi amusée, je rétorquais :
23 ans, par conséquent à moins que tu es dépassé la quarantaine tu es loin de pouvoir être… ma mère.
Ces deux derniers morts sortirent péniblement. Trop de souvenirs, trop de tristesse… Ce foutu accident, qui avait tout changé, tout bouleversé sur mon passage. Mais je ne laissais rien transparaître, un masque de plomb ayant remplacé mon visage. Je me contentais de noyer le poisson en lui souriant, comme j'avais toujours eu l'habitude de le faire depuis mon incarcération.
Berlin, c'est une ville tourbillonnante. Il est vrai que tout y est possible, qu'on peut partir de rien et arriver au sommet. Ou comme moi, naître au plus haut et finir derrière les barreaux
Je n'en disais pas plus, je n'avais pas le droit d'en dire plus. Je devais protéger mon passé. C'était le but de cette émission. Le prix à payer pour retrouver la liberté.