"mermaid blues" feat. Monrose

Ce qui t'avait de suite le plus attiré, c'était les points d'eau du manoir. Les douches, les bains, la piscine et le jacuzzi. Cette eau dans laquelle tu pouvais te prélasser des heures durant si tu le désirais. Pas de restriction, pas de timing, pas d'empressement et pas de réelle menace non plus. Tu pourrais très vite t'y habituer à nouveau. A vrai dire, plus tu découvrais les plaisirs de la vie retrouvée et plus tu angoissais sur l'issue de ce "jeu". Parce que plus tu irais loin, plus tu t'habituerais et plus le retour à la réalité serait un calvaire si tu ne venais pas à décrocher la victoire.

C'était con, tu ne devais pas y penser. Pas maintenant. Ca ne ferait que te déconcentrer et t'ôter l'opportunité de profiter sans arrière pensée. Vêtue d'une robe de chambre satinée et d'un maillot rouge, tu rejoins l'espace de détente par excellence. Tu n'es pas seule. Tu reconnais Monrose qui se prélasse dans le jacuzzi. Ca ne te dérange pas. T'as beau ne pas t'en être fait ta meilleure amie lors du prime, tu n'étais pas du genre rancunière ou à cheval sur ce genre de détails. Pour toi, c'est comme si rien ne s'était passé, comme si tu ne la connaissais pas. Et d'ailleurs, c'était bel et bien le cas. Hier, je suis restée près de trois heures dedans ... j'ai pas vu le temps passé. C'est là qu'on voit qu'on est en sérieux manque. Dis-tu simplement pour briser la glace avant de laisser tomber le peignoir et de plonger d'une traite, tête la première dans l'eau si calme de la piscine juste à coté

Monrose n'a jamais mis un pied dans un jacuzzi. Elle sait ce que c'est, ça va c'est pas une ignorante non plus. En plus elle a bien compris que c'était censé être un truc cool, vraiment relaxant du genre, elle aurait dû avoir ça en prison. Pour le coup elle sa trajectoire n'aurait pas été la même peut-être et dire que ça vie aurait pu tenir à un jacuzzi... Du coup elle en profite. Elle enfile rapidement un maiilot de bain deux pièces - elle n'avait plus jamais été aussi sexy qu'à cet instant. Appuyant sur un maximum de boutons sur le côté de la machine, des bulles assez petites mais rapides se formaient à la surface de l'eau. Sans plus attendre elle entre dans l'eau, frissonnant par le choc de température. Sans même le faire exprès, quelqu'un entre en même temps. De son côté, elle regarde la meuf du prime s'avancer dans genre un petit peignoir prout-prout. Elle parle. Elle dit des trucs inutile parce que bon, elle s’en fout clairement, mais la petite voix qu’elle a en elle lui dit de pas dépasser les limites tout de suite, de pas leur donner satisfaction. La voix qu’elle a depuis qu’elle se tient à carreau et qui s’est développé quand on lui a dit l’envoyer dans cette émission. Faut dire qu’à la base, ce n’était pas la candidate idéale et qu’une espèce de formation l’a aidé à le devenir. Faut pas se mentir, elle se sent quand même un peu mieux depuis. Elle se contente donc de lever un sourcil et d’acquiescer d’un mouvement de tête. Quoi d’autre ? De toute manière, si elle voulait répondre elle n’aurait pu se faire entendre puisque l’autre est dans l’eau. Alors elle reprend sa place initiale, dos tournée à la piscine. C’est le clapotis venant de cette dernière et un bruit de respiration qui lui fait comprendre que l’autre est revenu à la surface. Sans prendre la peine de se tourner, elle parle. « T’es latina toi non? T’es certaine de pas être en manque de cam non plus… Parait que c’est que des camés là-bas… » En Amérique latine s’entend. Elle a un sourire en coin dédaigneux, mais elle rigole. Elle est pas sérieuse en disant ça. Mais quand elle a un truc en tête, elle l’a pas au cul...

Tu plonges et tentes une longue traversée sous l'eau avant de remonter à la surface pour reprendre de l'air. Tu n'as pas été jusqu'au bout. Tu n'avais plus trop l'habitude de ce genre d'activité physique. Mais la seule impression de te sentir bercer par l'eau remuante suffit à t'apaiser. Tu rejoins le bords, non loin du jacuzzi, où Monrose te tournes le dos. Installée en parfait mirroir de cette dernière et adossée au rebord pour laisser aller tes jambes à l'horizontale, tu l'écoutes - une fois de plus - amusée : « T’es latina toi non? T’es certaine de pas être en manque de cam non plus… Parait que c’est que des camés là-bas… » Tu secoues la tête. Cette gosse avait un sérieux problème avec les drogues. " Bien sur. Tous camés, en sombrero, bouffeurs de nachos et adeptes du trafic d'organes aussi. " Ce n'était là qu'un maigre condensé de ce que tu avais pu entendre à répétition au cours de ta vie. Si par le passé ce genre de réflexion t'aurais fait littéralement sortir de tes gons, tu te contentes aujourd'hui de grincer les dents et manier le sarcasme. C'était moins dangereux. Pas aussi satisfaisant mais moins dangereux quand même ... Et pour info je vis à Londres depuis mes 17 ans. Ca fait un bail que je n'ai pas eu la chance de fouler les plages de Puerto Rico. Oui enfin plus ou moins.

Monrose est du genre à croire que tout est possible alors faut pas lui dire ça. Faut pas lui dire qu’ils sont tous camés en sombrero, du coup elle se l’imagine mexicaine à boire de la tequila avec des trucs au cactus. C’est pas le rêve, mais en même temps en zonz t’en entend des bonnes : une meuf qui a voulu couper les couilles de son copain parce qu’il allait baiser ailleurs par exemple. Elle comprend, mais faut pas en arriver là quand même. « Les sombreros et les fajitas c’pas mexicain ? » Elle lance ça en suspens, étonnée de l’entendre dire être de Puerto Rico, parce que c’est bien ce qu’elle sous-entend. Elle dit aussi venir de Londres depuis qu’elle est jeune. « Et alors ? Quand c’est dans les gênes, peu importe où tu t’trouve non ? » Elle continue, parce qu’elle voit bien que la Fuertes ne s’énerve pas. Pourtant elle l’a bien entendu dans sa présentation, qu’à la base elle était à un niveau où un rien vous rend furieux. Elle le sait parce qu’elle connait ça, parce qu’elle a évité de le dire qu’elle aussi c’est comme ça. Une quatre reléguée à un deux, mais Monrose sans médocs. Le yoga et la méditation d’une cinglée qui a voulu devenir gourou a suffi apparemment. Cette dernière tourne sa tête en direction de la piscine, dans laquelle elle vient finalement échouer après avoir quitté son bain à remous. C’est super reposant, mais c’est chiant à force. Elle plonge et sort tête la première, chevelure frisée pas entretenue collée sur son crâne. Elle ne se gêne pas et pose sa main sur la taille de sa camarade. « T’comprends, j’voudrais bien découvrir vos crimes et faut bien commencer par quelqu’un… » Et même si Fuertes semble pas la plus facile à manipuler, c’est bien parce que la gwada aime le compliqué.

« Les sombreros et les fajitas c’pas mexicain ? » Tes muscles se détendent d'un cran. Elle savait déjà faire la différence entre le Mexique et le reste et ça ... c'était un bon point. Etonnement ce n'était pas le cas de tout le monde. Et puis surtout, ce que tu retenais, c'est que l'air de rien, la Monrose, elle écoutait ! Parce qu'elle était l'une des premières ici à avoir - semble-t-il - retenu d'où tu venais exactement. Ce n'était pas non négligeable et avant même qu'elle ne te l'annonce, tu suspectes que derrière cette carapace de fausse cool, se cache une compétitrice redoutable. Affaire à suivre. En attend, tu te contente de rpéondre :  " Tu serais étonnée du nombre d'imbécile qui résume l'entière Amérique Latine au Mexique. Heureuse de ne pouvoir te mettre dans le même sac ... "

Cela dit, la gamine à tout de même l'art de jouer avec tes nerfs. Pas grave. Prends ça comme un test Fuertes. C'est pas bien grave, pas besoin d'en faire un plat. « Et alors ? Quand c’est dans les gênes, peu importe où tu t’trouve non ? » Tu entre-ouvre la bouche pour répondre mais te retiens finalement. Parce que tu aurais pu lâcher une connerie. Pour toi. Tu lèves les yeux ciel. " Faut croire que du côté de la consommation, ça a sauté une génération alors "

Finalement la jeune fille derrière toi, finis par te rejoindre. Elle plonge, barbotte quelques seconde et s'approche. « T’comprends, j’voudrais bien découvrir vos crimes et faut bien commencer par quelqu’un… » Tu écoutes mais tu suis surtout du regard sa main venir se poser sur ta taille. Tu ne dis rien, tu regardes simplement. Gardes le visuel sur ce contact physique quelques secondes avant de finalement redresser les yeux et les planter dans ceux qui te scrutent : Faudra s'éloigner un peu des clichés alors. Quant aux infos : c'est du donnant-donnant.