into the icebox (Köhl), 30 septembre, 17h

Le salon était devenu une sorte de refuge pour les fins d'après-midi, les moments de pose, où il n'est ni question de parler avec les autres, ni de se perdre dans ses pensées. Il était à nouveau venu s'installer avec un livre dans la main, le même que celui de la semaine dernière, dont il n'avait toujours pas dépassé les dix premières pages, et il s'était installé dans un des canapés, en espérant fortement que cette fois-ci, il ne serait pas dérangé. Il avait réussi plusieurs fois à être seul dans cette pièce, mais ça ne durait jamais très longtemps. Il avait juste besoin de souffler un peu, et il avait du mal à le faire le soir venu quand tout le monde était dans la même chambre. La respiration des autres l'empêchait de vider son esprit et ça le rendait un peu fébrile. Il se demandait quand est-ce qu'il était devenu un peu fou, et un peu agoraphobe. La prison faisait des drôles de choses. Il ouvrit son livre, et se plongea dans la lecture, sachant très bien qu'il ne resterait pas très longtemps concentré. Il lui suffisait de tellement peu pour lever la tête et se mettre à discuter plutôt qu'à ignorer les gens. Certaines politesses ne s'oublient pas, il avait été bien élevé.
D'ailleurs, quand une jeune femme passa le pas de la porte, il leva la tête et fit un signe de tête. Il ne savait pas si elle voulait parler et il ne comptait pas ouvrir la bouche le premier, il y tenait à son moment de paix, mais il ne voulait pas paraître grossier, surtout avec quelqu'un avec qui il n'avait jamais réellement discuté. Il se contenta donc de la fixer.